Voici donc le premier budget de notre commune élaboré après une
élection présidentielle qui aurait dû changer les logiques politiques.
Après de longues années de restrictions, nous
pouvions espérer des initiatives en faveur des collectivités locales,
situées au plus près des besoins de la population, dont la demande
grandit avec la crise. Au vu de l’austérité persistante, il est à
craindre que les communes ne soient bientôt plus en capacité de répondre
à ces demandes. Le pouvoir d’achat des villes, c’est comme le pouvoir
d’achat des habitants : vital ! Or, depuis près de 15 ans, il décroît de
1% chaque année.
Ainsi que nous le dénoncions lors du débat
d’orientation, le gouvernement, loin de changer la donne, décide
d’aggraver la situation en réduisant durablement la dotation aux
collectivités.
Le budget dont nous débattons ce soir ne comporte donc que peu de différences avec ceux qui l’ont précédé.
Il s’inscrit dans la mauvaise logique du traité
budgétaire européen, qui impose de réduire les dépenses publiques. Ces
contraintes n’ont rien à voir avec celles qui encadrent tout budget pour
le maintenir dans le principe de réalité. Ces contraintes sont
idéologiques. A terme, elles réduisent les élus à l’impuissance, leur
interdisant de réaliser ce que la population attend. Pour les ayattolas
de l’Europe libérale, la collectivité qui dépense est un mauvais élève,
que l’on doit punir en réduisant ses dotations. Libre à vous d’adhérer à
ces dogmes, nous pensons quant à nous qu’ils nous mènent à la
catastrophe.
La diminution des dotations de l’Etat est une
mauvaise action que nous aurions souhaité vous voir dénoncer, et, à
l’image d’autres municipalités, combattre avec la population. Notre rôle
d’élus ne se limite pas à bien tenir les comptes, mais aussi à agir
avec la population pour réclamer son dû.
Dans le cadre de la loi sur la refondation de
l’Ecole, de nouvelles charges vont être imposées aux communes, et la
mise en place d’un fond d’aide ne suffira pas à couvrir les frais
d’activités qui devraient être prises en charge par l’Etat, dans le
cadre de l’école publique, pour garantir l’égalité de traitement entre
tous les élèves.
Dans ce contexte, la baisse des taux d’imposition
n’aura, comme l’année précédente, que peu de conséquences sur la feuille
d’impôt de chacun d’entre nous, mais elle peut nous priver de
ressources que nous aurions pu utiliser pour contribuer au bien-être des
habitants.
En revanche, elle est d’un apport non négligeable en matière de communication, et singulièrement dans la période.
Nous avons toujours exprimé notre désapprobation à
l’égard de la vente des biens communaux, qui sont propriété collective.
Nous persistons dans cette opposition, au vu des nouvelles cessions
envisagées, au vu également de celles qui vont faire l’objet de
délibérations un peu plus tard dans le débat. En effet, si nous
reconnaissons la nécessité d’un certain nombre de ventes, qui ne
compromettent pas l’intégrité du patrimoine, nous contestons le
bien-fondé de celles qui nous sont proposées, d’autant que
l’argumentaire n’est pas convainquant : le produit des ventes foncières,
que vous souhaitez utiliser pour des investissements, n’a rien à voir
avec la modération fiscale, puisque le produit des impôts ne peut être
attribué qu’au chapitre « fonctionnement ». Mais nous aurons l’occasion
d’y revenir tout à l’heure.
Nous avons eu à plusieurs reprises, dans le cadre de
nos débats, l’opportunité de rappeler des propositions utiles pour
donner des moyens aux communes, et donc à la nôtre. Pour terminer ce
propos, nous n’en évoquerons qu’une : un prélèvement de 0,5% sur les
actifs financiers des entreprises, effectué par l’Etat au niveau
national permettrait une redistribution à toutes les collectivités via
un fond de péréquation et de répartition sur critères. Cette disposition
inciterait les entreprises à investir dans l’économie utile, au
détriment des placements boursiers, et redonnerait de l’égalité entre
les collectivités.
Pour conclure, et comme nous le disions lors de nos
derniers échanges, rien ne change, l’austérité est toujours d’actualité,
votre consentement aussi, notre vote demeurera donc, lui aussi,
négatif.
Je vous remercie de votre attention.
Pour le groupe ELGAA (Enfin la Gauche à Allauch)
Paulette Dadoit