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      • 03 mai 2016

        Les nouveaux habits de la répression policière à Marseille



        Les incidents de confrontation directes entre manifestants et police ont été dans le passé récent en fait assez rares à Marseille au cours des mobilisations de masse. Lors de celles du CPE, malgré des blocages de routes et de plateformes, rien de ce qu’on connaît actuellement. Et qui, sans contestation possible, sont provoqués par l’attitude de la police, agissant sur ordre. 

        A Marseille, pas de Mouvement Inter Luttes Indépendant ou de ce qui peut s’apparenter à des « Black Blocs », pas ou très peu de secteurs décidés d’une manière organisée et systématique à s’en prendre aux cordons policiers. Pourtant, dès la première manifestation lycéenne, la police provoque, entre dans les rangs des manifestants, charge et arrête des jeunes mineurs, parfois très jeunes. Placés illico en garde à vue. Ce qui fixe le climat pour les manifestations ultérieures.

        Le 28 avril une partie du cortège (plusieurs centaines) se sépare de la manifestation principale pour aller « bloquer l’économie » (il s’agissait semble t-il de bloquer une gare secondaire à 2 km de là). Mais prenant prétexte d’une poubelle en feu, les forces du désordre chargent au bout de 20 mètres à peine de marche une manifestation entièrement désarmée. S’en suit évidemment une course poursuite à travers toute la ville, terminée sur les voies de la gare Saint Charles où ont lieu des dizaines d’arrestations. Certaines d’entre elles viennent de donner lieu à de la prison ferme, même si les personnes ne sont pas incarcérées, pour l’instant.

        Le comble, l’évènement vraiment nouveau (du moins à Marseille) s’est passé lors de la Manif traditionnelle du 1er Mai, manif plan plan et familiale s’il en est. La police contrôle les entrées sur le Vieux Port, lieu de départ de la Manif. Du jamais vu pour une manif autorisée. Sur le Vieux Port lui-même, à 20 mètres des manifestants, des membres de la Bac, badgés Lutte Ouvrière (si, si) ouvrent les sacs de familles avec enfants. Après, c’est Ubu ou Khafka au choix. Un dirigeant de Solidaires (sans doute ciblé lors des rassemblements précédents) est fouillé. On trouve dans son sac à dos deux petits cailloux gardés depuis un travail avec ses élèves : arme par destination ! Un autre dont il n’est pas établi qu’il venait bien au rassemblement, se trouve en possession de boules de pétanque…gagnées à un concours la veille. Et ainsi de suite. Qu’importe le ridicule, ce sera garde à vue, et convocation chez le Juge début Mai. 

        La fonction d’intimidation de ces attitudes, alors même que Marseille n’a pas connu le millième de ce qui peut être rapporté dans d’autres villes est éclatante. Décourager les jeunes (ou effrayer leurs parents) et forcer le mouvement, syndical en particulier, (resté entièrement solidaire dans ses communiqués des personnes inquiétées) et aussi Nuit Debout,  à dévier de sa tâche principale pour l’obliger à se polariser sur ces questions de répression. Certes à Marseille comme ailleurs on pourrait incriminer la violence gratuite de tel ou tel agent. Intolérable quoi qu’il en soit. Mais ce qui est rapporté est autre chose. La mise en application de consignes politiques pour casser le mouvement. Venant d’un gouvernement socialiste. Priorité à la jeunesse disait Hollande : on n’avait pas compris que c’était cette priorité là !. A voir et à entendre la jeunesse concernée à ce sujet, gageons que le message est reçu 5 sur 5 et que le gouvernement recevra d’une manière ou d’une autre la monnaie de sa pièce.