Les années se succèdent et les propos se ressemblent.
Le changement, qui devait être pour maintenant, ne sera sans doute pas
pour demain, si les citoyens s’y résignent, comme la majorité municipale
semble se résigner à l’austérité socialiste après s’être accommodée de
l’austérité sarkozyste.
Le rapport de monsieur l’adjoint aux finances
exprime, comme les précédents, la satisfaction du gestionnaire qui a
bien tenu les comptes en obéissant sans mot dire aux injonctions
gouvernementales.
Oui, les comptes sont irréprochables, et monsieur
Tomasini a bien géré les finances. Mais où est la perspective politique
qui mobilise et donne espoir ? Où est la dénonciation des politiques de
plus en plus restrictives pour les services publics, et qui ont fait la
preuve de leur inefficacité ? Où sont les explications qui
alimenteraient la réflexion de la population et l’entraineraient à
l’action ?
Les collectivités locales sont en première ligne pour
la satisfaction des besoins des populations, et ces besoins sont en
constante progression. Avec près de 75% de l’investissement public, leur
rôle économique et financier est essentiel pour notre pays. Dans le
même temps, les services publics de l’Etat ont été méthodiquement
cassés, privatisés.
La dette des collectivités représente moins de 10% de
celle de l’Etat. Elle finance l’investissement public et reste stable
depuis des années. En revanche, la dette de l’Etat, en constante
augmentation, a servi pour un tiers à compenser les cadeaux fiscaux
accordés aux entreprises pour soi- disant défendre l’emploi, dont on
sait qu’il se porte de plus en plus mal.
Que dire, quand, dans ce qui apparait comme le bilan
de la mandature, on trouve en troisième position dans la liste des
grands travaux la vidéosurveillance ? Quand le budget est limité, on
pourrait s’attendre à d’autres choix que celui de gadgets sécuritaires,
auxquels la plupart d’entre vous sont attachés, nous le savons bien,
parcequ’ils les croient efficaces. Nous ne partageons pas ces choix
.
Que dire aussi lorsqu’ est présenté comme allant de
soi la raréfaction du crédit bancaire, dûe, nous dit-on, aux
« contraintes de liquidité et de refinancement qui pèsent sur les
banques » ? Mais qui, sinon le contribuable, a renfloué ces mêmes
banques, selon le principe de la nationalisation des pertes et de la
privatisation des profits ? Non, il ne va pas de soi que le crédit se
raréfie, et la création d’un pôle bancaire public donnerait de l’air à
l’Etat et aux collectivités.
De même, un prélèvement de 0,5% sur les actifs
financiers permettrait de réunir 18 milliards, 18 milliards de moins
pour les actionnaires, mais 18 milliards de plus pour les équipements
sportifs, les crèches, les écoles, la culture…Une taxe professionnelle
remaniée serait plus légère pour les entreprises qui créent de l’emploi
et des biens, mais bien plus lourde pour celles qui avant tout
fabriquent de l’argent. Quant à l’impôt des ménages, il devrait être
solidaire et progressif, comme devrait l’être davantage l’impôt sur le
revenu. Enfin, l’augmentation de la dotation aux collectivités
favoriserait le développement des services publics de proximité et d’une
politique tournée vers l’intérêt public.
Ces propositions ne sont ni surréalistes ni démagogiques.
Mais que fait le gouvernement ? Il se propose, non
seulement de réduire la dotation aux collectivités, comme annoncé en
septembre dernier, mais de leur demander un effort supplémentaire dans
les années qui viennent. Et pourquoi cet effort ? pour participer au
financement des 20 milliards d’Euros offerts aux entreprises en vue d’
« améliorer leur compétitivité », sans condition d’objectifs en matière
d’emploi et d’investissement.
Une fois de plus, les communes servent de variables d’ajustement aux politiques d’austérité.
Cela ne semble pas vous choquer, puisque toute votre
politique financière se coule dans le moule libéral, sans aucune remise
en cause de cette orientation.
Les années se succèdent et les propos se ressemblent.
Vous nous permettrez de nous élever avec vigueur, comme nous l’avons
fait tout au long de la mandature, contre cette acceptation du carcan
austéritaire qui a présidé à tous les choix politiques de cette
majorité, dissimulés sous une gestion comptable sans reproche.
Pour les élus d’ELGAA (Enfin la Gauche à Allauch)
Paulette Dadoit