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      • 22 janvier 2015

        coup de pied grec


        Le premier docu qui démonte le cheval de Troie de la capitale culturelle

        Nicolas Burlaud présente sur notre plateau son film "la Fête est finie". Ce pamphlet présente Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture, comme le cheval de Troie de la rénovation urbaine destinée à uniformiser Marseille et à l'embourgeoiser. A découvrir ce jeudi soir aux Variétés.


        http://www.dailymotion.com/video/k5hJxIyz1YmKcQ9ULO9?start=364



        Réaliser un film sur la capitale européenne de la culture est très vite devenu une nécessité pour Nicolas Burlaud, documentariste au sein du collectif Primitivi : "Dès 2013, j'ai eu la sensation d'être pris dans un piège, avec cette capitale de la culture parée de son aura quasi religieuse. Du coup, il est très difficile d'être contre". Sous peine, d'après l'un des personnages du film, d'être traité de "fasciste". "Je n'arrivais pas à comprendre vraiment de quoi la capitale de la culture était le nom..." L'image mythologique du Cheval de Troie, piège des Grecs pour anéantir les Troyens s'impose naturellement. L'histoire apparaît donc en filigrane dans le film La Fête est finie par la lecture d'extraits, tandis que les images des festivités de 2013 défilent. 
        Car l'entreprise est présentée comme machiavélique. MP2013 aurait permis, selon l'auteur, de masquer une réalité bien moins joyeuse et éphémère : celle de la destruction progressive du Marseille populaire, historique, par le biais de la rénovation urbaine en marche. Les témoignages des anciens habitants de la rue de la république expulsés  contrastent avec les paillettes et la fête détournant les regards.  Pour Nicolas Burlaud, la capitale de la culture "qui vient servir de pompe à financement de projets et d'écran de fumée" serait ainsi "un accélérateur de la Ville Nouvelle - avec des majuscules", souhaitée par élites politiques et une bourgeoisie d'affaire.

        "Pas de place pour tout le monde"

        Problème, "dans la ville qui se dessine, il n'y pas de place pour tout le monde". De fait, poursuit le réalisateur qui dit employer volontairement des termes de marketing, "le coeur de cible n'est pas la population marseillaise mais des investisseurs, des partenaires privés, des promoteurs immobiliers dont la Ville de Marseille et Euromed ont besoin pour faire avancer leur projet. Et donc on dessine une ville qui ressemble à toutes les autres dans la concurrence acharnée que se livrent les villes moyennes pour devenir des mégapoles, des métropoles... Cette ville fait fi de la population marseillaise."
        Le film, réalisé en toute indépendance et produit par l'association de vidéastes Primitivi n'a bénéficié d'aucune subvention. "On est fiers d'avoir fait un film qui vient de la rue", ajoute notre invité. Certes, le long-métrage est présenté deux ans après l'année capitale. Mais pour Nicolas Burlaud, il est encore temps de prendre conscience des choses. "Le film a de accents tragiques et prophétiques mais il n'est pas trop tard. J'espère apporter ma pierre à l'édifice." Surtout à l'heure où Marseille revêt ses plus beaux atours en vue de devenir la capitale européenne du sport en 2017.
        Des projections-débats sont prévues ce jeudi à 20 h, en présence du réalisateur au cinéma Les Varietés, rue Vincent-Scotto, 13001 Marseille (Tarif unique 5€) ainsi que dimanche à 19 h à La Rouille, 89, rue Nau, 13005 Marseille.
        Par Elodie Crézé, le 22 janvier 2015

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