Les 6 et 7 février 2015, s’est tenue à Marseille la Grande Rencontre
Euroméditerranéenne de l’Eau, la GREMME, organisée dans le droit fil du
Forum Alternatif Mondial de l’Eau de 2012.
Pendant ces deux jours, plusieurs centaines de militants de l’ « Eau
Bien commun » ont mené une réflexion collective au cours de trente
ateliers et de plusieurs réunions plénières.
Tous les aspects des usages de l’eau ont été abordés, eau potable,
agriculture, industrie, énergie, eau et santé, extractivisme et
pollution de l’eau.
La marchandisation de l’eau a été dénoncée, ainsi que la politique de
la Commission européenne qui privilégie la finance et favorise les
multinationales au détriment de l’intérêt général.
Le succès de l’initiative citoyenne européenne sur l’eau (ICE )qui a
obtenu près d’un million neuf cent mille signatures sur la triple
exigence de l’inscription législative de l’accès à l’eau et à
l’assainissement en tant que droit humain fondamental, de sa gestion en
tant que bien public et commun, et du soutien à une action extérieure de
l’Europe favorisant les synergies « public-public », n’a pas fait
dévier la Commission européenne de sa politique actuelle.
Certes, il a été souligné au cours de la GREMME que les luttes se
développent avec le retour à une gestion publique de l’eau dans de
nombreuses villes en Europe, mais il reste encore beaucoup à faire pour
que le droit et l’accès à l’eau pour tous soit une réalité y compris
dans notre pays, pour que soit prise en compte la place essentielle de
l’eau dans un développement partagé et souhaité, notamment des
agricultures paysannes.
Ces luttes doivent aussi porter l’exigence d’une gestion de l’eau
démocratique et non technocratique avec la participation directe des
citoyens.
Euro-méditerranéenne, la GREMME s’est aussi penchée sur la situation
autour de la Méditerranée afin de contribuer dans le domaine de l’eau au
prochain Forum Social Mondial de Tunis et dans la perspective de la
prochaine réunion mondiale sur le climat, la COP 21 en décembre 2015 à
Paris.
Les grandes manœuvres des multinationales et de la finance, avec le
soutien de la Commission et des États à la recherche de « gisements de
croissance », sont déjà engagées sur le pourtour de la Méditerranée.
Des projets d’infrastructure d’irrigation de l’agriculture
productiviste, de potabilisation par dessalement, de traitement des
rejets de l’exploitation des gaz de schiste se réalisent déjà sous
diverses formes de partenariats public-privé.
Mais seul le petit nombre de projets très rentables verra le jour.
Sur ces questions méditerranéennes, en période d’urgence climatique
où le stress hydrique menace, la GREMME affirme la nécessité de faire
avancer la justice climatique et de revisiter la coopération entre
Etats, en limitant le pouvoir des multinationales.
À cette fin, nous préconisons le quintuplement de l’aide au
développement destinée à l’eau pour le sud et l’est de la Méditerranée.
Pour gérer ces ressources nouvelles, nous mettons en discussion la
création d’une agence internationale de l’ONU, impliquant tous les pays
concernés et qui reposeraient l’implication et la délibération des
citoyens.
Le mouvement euro-méditerranéen de l’eau sort renforcé de ce forum.
Il a approfondi ses connaissances dans des ateliers mêlant les
scientifiques et les activistes de l’eau, bien commun. De nombreux
contacts directs ont été noués. Les réseaux d’entraide et de solidarité
ont été élargis et consolidés, ce qui lui permettra de peser dans les
luttes présentes et à venir.
Marseille, le 7 février 2015
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